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Où est ma place ?

3 juin 2020

Où est ma place ?

Comme les étoiles occupent une place déterminée et mouvante dans le ciel, chacun, chacune de nous est appelé à trouver sa place, sa juste place, toute sa place, ni plus, ni moins… cette place qui fait exister !
Cela demande d’abord un ancrage. Comme un arbre qui plonge ses racines dans le sol pour se tenir ferme dans la terre qui l’a vu naître et se développer, selon son espèce et son vécu. D’insignifiant qu’il était au départ, une graine semée au vent, l’arbre assure de plus en plus sa stature en symbiose avec son environnement dans une interrelation vitale. La courbe de ses branches, les noeuds de son tronc, nous parlent du temps et des événements qui l’ont façonné. Le coeur de l’arbre s’est durci alors que la vie continue de jaillir à la périphérie jusqu’aux branches. Son écorce marquée, dévoile sa vulnérabilité et nous fait entrevoir son instinct de survie. Il est là, planté entre terre et ciel, dans la lumière du jour comme dans l’obscurité de la nuit, participant au grand mouvement de la vie, par son souffle vital.
Quelle est ma terre : ma culture, ma religion, ma spiritualité, mes ancrages affectifs, mes blessures et mon histoire qui m’ont façonné ? Prenant appui sur ce sol nourricier, je peux m’élever vers l’espace qui s’ouvre à moi, à la rencontre d’autres arbres, arbustes, fleurs, herbes, et hôtes potentiels que je pourrais abriter.
Un proverbe juif nous apprend que « si tu sais d’où tu viens, tu sais où tu vas ».
C’est toujours une question à creuser, dans une interrelation avec ceux qui sont à l’origine de notre vie, ceux qui ont accompagné notre naissance au monde. Il y a des parents qui donnent la vie, des parents qui font grandir la vie. Parfois, ce sont les mêmes, parfois ils sont différents !
Pour les croyants, au-delà des parentés terrestres, il y en a une autre, qui prend naissance dans le désir du Tout Autre, de Dieu, du Mystère de la vie. Cette puissance de Vie passe par différents canaux, visibles ou invisibles. Elle laisse transparaître plus ou moins une qualité d’amour qui nous appelle à nous dépasser.
Ma place, elle dépend aussi des autres, de l’espace physique, affectif, intellectuel, spirituel qu’ils me laissent. Je peux me sentir grandir, exister, dans le regard qu’ils posent sur moi et l’attention qu’ils me témoignent. Ne vous êtes vous pas émerveillés de voir, une plante, une fleur, poussée, dans les anfractuosités d’un mur de pierre, mise en valeur par un beau rayon de soleil. Parfois, il suffit de pas grand-chose pour trouver sa place. Un merci, un s’il te paît, un pardon.
En cette fin d’année, alors que certains d’entres nous ont retrouvé leur place physique dans notre établissement, avec beaucoup d’asepsie, d’autres ont préféré rester à leur place dans leur maison pour continuer à vivre et à travailler. Chacun, chacune, prenons soin de notre place.
Et puis, il y a les sans place, ceux à qui la société n’en propose pas, ceux qui sont mis en place dans des endroits bien circonscrits et qui dérangent le moins possible. Ceux que la vie ou les épreuves ont déracinés. Ceux que l’on étiquette, « pas intéressants » ou « non fréquentables ».Ils s’accommodent, comme ils le peuvent, de cet espace de passage, de mise à l’écart, vivant au souffle des opportunités et des rencontres. Evoluant dans ce nomadisme plus ou moins forcé, pétri de blessures et de maux, ils peuvent découvrir la réalité du moment présent, celui qui ouvre une brèche dans nos conditionnements.
Ma place, c’est la mienne, c’est celle que j’ai reçu ou/et que je me suis construite. Ma place, celle qui vient du centre de mon être, elle est unique, irremplaçable. Pour le croyant, elle naît de la rencontre de son désir et de Celui de Dieu. Mais pour chacun de nous, elle existe et, elle est à découvrir. De l’alchimie de la rencontre ou de la découverte, émerge un projet de vie qui, comme un arbre, pourra se développer, donner du fruit et abriter d’autres créatures… A vous maintenant d’aller à la rencontre de cet arbre qui demeure dans le silence de votre être… Y.K